Ma Mie m’aime
Ma Mie m’aime pour moi, sans restriction,
Mon aisance la fascine et provoque son admiration
De mon fauteuil au divan elle dit que je suis le champion
Que lui importe à elle toutes autres exhibitions.
Ma Mie s’agace quand vous vous dites amateurs de sport,
Quand sur nos performances, vous ne voyez que des scores
Sur les pistes vous aimez nous voir courir plus vite, plus vite encore
Nous poussant toujours plus, à user nos cœurs et nos corps.
Chez ma Mie, pas de trophée, de diplôme ni de tricolores images,
Elle contemple mes allures et trouve plus sains et plus sage,
De me laisser batifoler dans le jardin, les prés et sur les plages
Que de me roder telle une machine, avec à l’arrivée un comptage.
Ma Mie se fâche aussi devant cette jeunesse au sang qui brûle
Qui sur notre vitesse, y voit un intérêt et déjà fait ses calculs,
Jouissant sur l’autre qui tombe, abandonne ou recule,
Prête à trahir le leur même, si par malheur il trébuche et bascule.
Ma Mie n’aime pas ces clichés de lévriers qui courent à perdre haleine,
Leur destinée future, présage de tant de douleurs et de haine ;
Les chenils et arrières cours, où délaissés et oubliés ils se traînent…
Non il n’y a pas que dans les autres pays que nos malheurs surviennent.
En allées d’expositions, dans des cages sur des charriots on nous tire
Pour statique présentation, nous devons ici, être statues de cire,
Maintenus dans la soumission, freinés, étranglés …pour soit disant « loisirs »…
La nature ?…les lévriers vous connaissez ?... ça va sans dire !
Dans d’autres pays à présent, les enfants sont sensibilisés, et éduqués
A respecter l’animal qui n’est pas un jouet que l’on peut utiliser, puis jeter
Que de nos insuffisances il ne doit pas être une victime, abusé,
Que s’il ne doit être qu’outil de gloriole, il vaut mieux pour lui s’en passer !
Pour tous ceux qui trouvent comme prétextes et arguments à ces petits jeux,
Que les expositions et champs de course sont un lieu de rencontres pour eux,
N’y a-t-il pas chez eux pour leurs amis, table chaises et canapés moelleux,
Pour s’asseoir et parler de ceux qu’ils disent aimer … Eux !?
Après cette complainte, j’irai dans mon jardin flirter avec le vent,
Agile, sans contrainte, et seulement un court moment,
Car mes longues jambes ne me servent pas qu’à courir longtemps,
Mais aussi à retourner m’allonger dans ma maison, sur mon divan.
Ma Mie me dira, à genoux devant moi, en glissant sa main sur mon dos,
« Tu es une merveille de la nature, ton regard… tes gestes sont si beaux… ! »
Me flattant sur ma robe noire qu’elle voit sans défaut
Qui pourtant est le miroir de tant de douleurs passées et de maux …
Vous pouvez passez sans me voir, de votre regard, elle s’en fout
Jamais vous ne pourrez me juger, toiser… car pour elle je suis un tout
Dans son décor je suis merveille ; bien plus qu’un tableau à un clou !
Oui ma Mie m’aime, et de mon divan je vois tout…
Corinne Poisson (août 2011)
Merci à Corinne de nous avoir permis de publier ce chant d'amour et de respect...